« L'énigme, c'est moi. Et je veux la résoudre.»
Sykes Logan
HART DENTON - SERPENTARD - SEPTIÈME ANNÉE
Je n'ai jamais été extraverti. Bien au contraire.
« Vous connaissez tous cette personne qui ne parle pas. Qui ne rit pas, qui ne vous donne pas envie de l'approcher. Cette personne qui analyse tout dans les moindres détails sans jamais avoir besoin de qui que ce soit. Et bien, cette personne c'est moi.
Depuis que je suis enfant, ils me pensent timide. Pudique. Ils pensent que je manque de confiance en moi, peut-être est-ce le cas. Toujours en retrait, l'ombre qui naît lorsque le soleil s'élève, me cacher n'a jamais été ma priorité. Je suis là. J'observe, je regarde, je dévisage. Impassible, indifférent, comme si vos rires et vos larmes m'importaient réellement. J'ai besoin de connaître les gens. Un besoin vital, une addiction et pourtant jamais je ne pose de questions. Bizarre, étrange, bien des surnoms m'ont été attribués. Vous pouvez bien dire ce que bon vous semble de prononcer ; m'affecter est bien plus difficile que vous ne l'imaginez. Au fond, j'suis pas quelqu'un de méchant. Ni de gentil. Faites-vous harceler, j'regarderai. Neutre. Appelez à l'aide, j'aiderai. J'aiderai à harceler ceux qui le veulent comme je défendrai ceux qui le crient de détresse. Si vous voulez obtenir quoique ce soit de moi, demandez simplement. Un mot, quelques lettres et le tour est joué. Si vous restez muet... J'me contenterai d'observer.
Ma vie n'a jamais été bien compliquée. J'suis né un premier avril et l'humour n'a jamais été mon point fort. Je suis le premier à être venu au monde, mon frère a suivi quelques secondes plus tard. Deux têtes complètement différentes. Un blond, un brun. Un aux yeux clairs, un aux yeux foncés. On m'a appelé Logan, lui Alex. Logan et Alex Sykes. Des jumeaux, au plus grand bonheur de nos parents qui essayaient d'avoir un enfant depuis trois ans. Deux pour le prix d'un. Fiona Sykes, ma mère, est une employée de commerce sur le chemin de traverse. Elle est une vendeuse de baguettes magiques jalouse du succès d'Ollivander mais pourtant, leur lien amical n'a jamais été remis en question. Mon père lui, est boulanger dans le monde moldu. Tous deux des sangs purs qui n'ont pas pris la grosse tête et dont le nom ne fait jamais la Une des journaux. Une simple maison, quelques dettes, un canapé déchiré par le chien et des escaliers qui grincent. Pas de quoi vous faire rêver mais c'était assez et ça l'est encore. Je n'ai jamais envié le luxe et les hypocrites qui ont le nez plongé dedans. Les prétentieux, ceux qui seraient prêts à tout pour dévoiler leur fortune au monde entier. Il est certain que j'ai déjà pensé à en voler quelques uns pour aider mes parents financièrement parlant, peut-être se peut-il que je l'ai déjà fait avec mon frère.
Ah, mon frère. Il s'est pris une bonne paire de torches à cause de moi. L'accusation de l'autre ne marche qu'avec celui qui sait faire les yeux doux. Le pauvre, je lui en voudrais à vie si j'aurais subi ça à sa place. Non, non, je vous vois venir avec votre maltraitance. Nous n'étions pas maltraités, battus ou qu'importe les adjectifs qui correspondent. C'est juste que quand la voix ne suffisait plus, les mains de mon père suffisaient amplement pour nous calmer quelques semaines. Enfin, nous calmer. Le calmer puisqu'il prenait tout à ma place.
Notre relation est assez compliquée et tellement simple à la fois. On s'embrouille, on se tape dessus, on s'insulte, on se bat comme des hommes mais si l'un a besoin de l'autre, on est là. On s'entraide. On s'aime et les seules fois où on se le dit, c'est quand on reçoit un cadeau extrêmement cher de l'autre histoire que le « tiens, j'ai dépensé ma paye pour toi » ne soit pas vain. Oui, j'ai parlé de paye. On est majeur maintenant, on bosse tous les deux à côté de nos études. Lui, il s'fait quelques gallions en tant que technicien de surface. Femme de ménage si vous préférez. Ah, ce job. Je l'emmerderai avec ça jusqu'à la fin de ses jours. Me concernant, j'suis embauché dans une entreprise pour tester leurs innovations ; vêtements, balais, maquillage, un fourre-tout dans lequel j'me plais assez.
Plus tard comme métier, j'aimerais devenir psychomage. Pas pour aider les gens, ça c'est optionnel. Non, pour me connaître moi-même. C'est la raison pour laquelle 90% des gens veulent le devenir d'ailleurs. Enfin bref. J'suis assez perdu dans qui je suis. Pourquoi je vais pas vers les autres, pourquoi ils ne viennent pas à moi. Pas que ça m'affecte, non. J'aime bien résoudre des énigmes. Ironique en sachant qu'on me qualifie d'énigmatique. L'énigme, c'est moi. Et je veux la résoudre. Trouver le résultat. Merlin sait que ça peut paraître débile dit comme ça mais j'en ai rien à faire. Je suis mon propre problème et sur ce point, j'envie mon frère. Il a jamais eu de mal à se trouver des potes. A rejoindre des soirées, à se bourrer la gueule jusqu'à en vomir ses tripes le lendemain. Tout a toujours été plus compliqué pour moi. Comme si je sélectionnais les personnes avec qui je pourrais m'amuser et elles sont bien rares.
De loin, j'fais froid dans le dos à ce qu'on dit. Mes amis les plus proches, mon petit cercle restreint le pense aussi. De loin. Ils savent cependant que je serais prêt à tout pour eux quitte à me prendre un impardonnable. J'souris rarement, seulement avec eux. Je ris rarement, seulement avec eux. Je vis rarement, seulement avec eux. Une sorte d'échappatoire à mon existence qui ne se résume qu'à l'analyse et la découverte des autres sans les laisser me découvrir moi.
Sinon, cette guerre des maisons, ils font bien ce qu'ils veulent. J'aime pas les Gryffondors arrogants et prétentieux, les Serdaigles excentriques, les Poufsouffles trop souriants. J'aime pas énormément de choses et n'en aime que trop peu, là est un de mes gros défauts. J'râle, j'me plains, j'suis vulgaire. Amoureusement parlant, j'ai déjà aimé mais ça a jamais été exceptionnel. Des petites amourettes furtives et rapides qui se réduisaient à coucher de temps à autre, rien de bien spécial. J'ai pas une vie dramatique ; seuls mes grands-parents sont morts mais je les ai jamais connu, niveau argent j'm'en sors pas mal et à l'école j'me débrouille aussi. J'ai pas de domaine de prédilection, j'suis un touche-à-tout.
Je veux pas avoir à choisir de camp. Mangemorts, aurors, bien ou mal, j'me sens pas concerné du tout alors que je devrais et je sais. Je sais qu'un jour viendra, le jour où l'inévitable guerre se présentera, où je devrai faire un choix. Enfin, un choix. Il est déjà fait. Rester aux côtés de mes proches, de mon frère. C'est tout ce qui compte réellement. Je ferai mon choix en fonction des autres comme un bon petit mouton qui saura dans quelle foule se fondre pour pas se faire tondre.
Niveau sexualité, j'suis le genre de personnes à beaucoup attendre de l'apparence. Gars, filles, tant que c'est beau tout me va. Entre un coup d'un soir et un coup de foudre, seuls leurs caractères et personnalités feront la différence. Pile ou face. Ça passe, ça casse. Avec moi c'est jamais entre les deux. Si ça passe tant mieux, si ça casse tant pis. J'aime pas me prendre la tête et c'est pas aujourd'hui que ça va commencer.
Bon, j'crois que j'ai dit le principal. Alex m'a lancé le défi d'écrire ça sur un journal pour que quelqu'un le trouve et s'intéresse à moi alors je l'ai fait. De toute manière, son défi ne disait pas que je ne peux pas le brûler quand j'aurai fini. Il doit le cacher en espérant que quelqu'un tombe dessus. Si c'est moi, j'le brûle. Pour le coup, j'ai de la chance... Je connais chacune de ses cachettes. Et oui monsieur l'extraverti, être l'inverse a ses avantages. Celui de te connaître mieux que toi tu ne me connais par exemple, cher frère. »
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