22 octobre 1959. Tard dans la nuit une femme donna la vie et perdit la sienne. L'enfant fut mis entre les bras du père, qui pourtant voulait un garçon et c'était promis de refuser de reconnaître l'enfant si c'était une fille. Par obligation, il la garda, et lui donna le prénom de Robin. Peut-être que s'il l'éduquait comme un homme, celle-ci en serait un, à commencer par le prénom. Cependant, plus les années passaient et plus le corps de Robin se développait. Son père ne pouvait plus nier qu'elle ne serait jamais un vrai homme, bien que son caractère fût déjà forgé comme tel. Il se lassa d'essayer et l'abandonna à l'âge de onze ans alors qu'elle entrait à Poudlard. Il déménagea sans laisser de trace pour que la petite ou les autorités ne le retrouve pas. Robin ne sut jamais pourquoi elle n'avait pas de mère, mais elle détestait au plus haut point son père. Celui qui a voulu faire d'elle quelqu'un qu'elle n'était pas. Celui qui l'abandonna car elle n'était pas ce qu'il voulait. Celui qui ne lui expliqua pas qui était sa mère. Elle le détestait tellement que lorsqu'elle eut l'occasion de changer son nom, elle sauta dessus. Elle ne voulait plus rien à voir avec cet homme. Après un moment de réflexion, elle choisit de se renommer Swan. Un animal qui représentait tous ce qu'elle souhaitait être. Personne ne connaissait donc Robin sous son vrai nom, qu'elle raya complètement de sa vie.

1 septembre 1970. C'est une Robin un peu moins excitée et heureuse qu'elle ne devrait l'être qui fit son entrée à Poudlard. Ce lieu auquel elle rêvait depuis toute petite lui semblait moins magique maintenant qu'elle se retrouvait seule. Elle n'arrivait pas à profiter de la chance d'avoir sa place à Poufsouffle, la maison dans laquelle elle avait toujours voulu être, car elle redoutait les grandes vacances. Où allait-elle aller ? Qu'allait-elle faire ? Comment allait-elle vivre ? Cette peur constante la fit prendre un mauvais départ. Elle rata complètement sa première année : ses notes étaient mauvaises, elle ne comprenait pratiquement rien et restait isolée. Les vacances qu'elle redoutait tant sont arrivées si vite à ses yeux. Elle fut mise dans un foyer, trop grande pour se faire adopter. Elle ne s'y sentait absolument pas à sa place, heureusement pour elle, elle ne devait y vivre seulement deux mois par an. Sa première année fut la seule catastrophique. Elle fit d'énormes efforts pour rattraper son retard, et contrairement à ce que pensait les professeurs, elle avait un grand potentiel. Plus le temps passait et plus elle se relevait doucement de l'abandon de son père. Elle supprimait tout simplement le fait qu'elle avait eu autre fois un semblant de famille. Les deux mois qu'elle passait chaque année au foyer était un calvaire pour la blonde. Il n'y avait qu'une seule personne qui rendait ce séjour moins éprouvant : Tilda, une assistante sociale qui venait s'occuper d'eux. Elle la considérait presque comme une grande sœur, elle était la seule à la comprendre. Cependant celle-ci partit du jour au lendemain sans donner de nouvelles à Robin, ce qui renforça l'idée qu'elle pensait ne pas mériter de famille. Elle attendait ses dix-sept ans avec impatience, cet âge où elle sera majeure et pourra s'en aller du foyer. A Poudlard, elle n'eut pas trop de mal à se faire des amis après ses deux premières années, où elle fut acceptée comme batteuse dans l'équipe de Quidditch des Poufsouffles. Et plus les années passaient plus elle s'améliorait dans toutes les matières. Elle obtenue donc ses buse's en cinquième année et ses aspic's en septième.

1977. Robin n'avait ni argent, ni logement, ni travail lorsqu'elle décida de quitter le foyer dans lequel elle était. Elle se l'était promis, qu'elle ait de quoi vivre ou non, quand elle aura dix-sept ans elle partira de là-bas. Et aujourd'hui elle avait dix-sept ans. Pour gagner rapidement de l'argent, elle postula dans plusieurs magasins et restaurants. Elle travailla dur et sans relâche, sans temps libre pour pouvoir gagner assez d'argent pour vivre et réaliser son plus grand rêve. Ouvrir un bar à son nom. Cependant il lui fallut des années avant d'y arriver. Le temps donc qu'elle gagne assez d'argent pour réaliser son rêve, l'une de ses amies les plus proches l'accueillit dans son appartement. La blonde ne comptait pas y rester trop longtemps, et pourtant elle ne quitta son amie que neuf ans plus tard, lorsqu'elle trouva un local à Pré-au-Lard pour son bar avec un appartement au-dessus qui rentrait dans ses moyens.

1986. La concurrence était rude pour Robin. Il y avait plus d'un bar dans les rues de Pré-au-Lard, mais les Trois Balais était son plus grand concurrent. Pourtant, son bar n'eut pas de mal à démarrer. Sa clientèle comptait énormément d'adultes qui profitait du fait que la plupart des élèves ne venaient pas fréquenter son bar. Robin's était sa plus grande fierté, bien qu'elle n'eût pas de famille avec qui le partager. Son quotidien devint donc vite répétitif. Elle ne détestait pas du tout son bar et ses horaires, mais elle était épuisée et ne faisait rien d'autre. Un soir, alors qu'elle était sur le point de fermée, une femme stagnait au fond de son bar. Elle fut obligée de lui demander de partir. Seulement celle-ci ne voulait pas, elle voulait discuter avec Robin, faire connaissance. La blonde se laissa tenter au jeu. Elles se rapprochèrent de jours en jours, jusqu'à se mettre en couple. Et alors que les mois passèrent, elles passaient beaucoup plus de temps ensemble. Elles s'étaient faites toutes les deux tatouées une fleur au poignet, un lien indestructible à leurs yeux. Robin tombait de plus en plus amoureuse, sans vouloir se l'avouer. Cependant, un soir tout particulier pour elles, leurs deux ans, alors qu'elle voulait lui avouer enfin qu'elle l'aimait, l'hôpital Saint-Mangouste lui envoya un hibou. Sa petite-amie était morte dans la soirée, tuée par la maladie. Robin eu du mal à s'en remettre, énormément de mal. Elle se retrouvait à nouveau seule dans son chagrin. Elle se demandait même si elle méritait de vivre heureuse... jusqu'à ce fameux soir, trois ans plus tard (1991). Elle rentrait chez elle, mais le destin en décida autrement. Un grand incendie se propageait dans la rue et une voix appelait au secours. Il n'y avait personne aux alentours à part elle. Elle n'écouta que son courage et entra dans le bâtiment en feu. Elle sauva une femme et la transplana à Saint-Mangouste. Elle ne se doutait pas à ce moment-là que cette femme, Katherine Vaisey, allait prendre une grande place dans sa vie. Après l'incendie, Robin venait surtout lui rendre visite pour savoir si elle allait bien, et de fil en aiguille elle venait par plaisir, par envie. Elle s'attachait à cette femme sans trop comprendre comment.

1994. Cela faisait maintenant trois ans qu'elle avait sauvé Katherine de l'incendie, trois ans que cette femme était entrée dans sa vie. Elle avait ce quelque chose dont Robin n'arrivait pas à mettre le point dessus, ce quelque chose qui la rendait folle d'elle. Bien sûr, elle se remettait encore que trop doucement de la mort d'une femme qu'elle aimait, mais Katherine, sans même le savoir, l'aidait à remonter la pente. Sauf que même si son cœur lui criait qu'aimer une autre femme n'était pas un crime, sa tête lui rappelait qu'elle ne pouvait plus, qu'elle ne devait plus aimer, car il était sûr qu'il arriverait quelque chose à la brune si elle pensait une seule seconde à avouer ne serait-ce qu'une pointe d'amour. Elle essayait donc de se persuader elle-même qu'elle ne ressentait rien, ce qui était évidemment déjà peine perdue. Elle se rendait de plus en plus souvent chez elle, aimant passer du temps avec elle, la faisant même parfois passer avant son bar ou avant le fait qu'elle doit garder le fils de l'amie qui l'a hébergé il y a huit ans tous les après-midis. Elle s'habituait à arriver pendant une dispute entre Katherine et sa fille, Sophia, ou Katherine et son époux, Edgar. Elle s'habituait à calmer les excès de colère de celle-ci. Elle ne s'habituait cependant pas à ce petit sentiment de jalousie alors que Katherine était toujours l'épouse d'Edgar, ni cette petite joie quand elle apprit que le divorce était en cours. Non, ces sentiments-là elle tentait de les enfouir au plus profond d'elle. Une après-midi, alors qu'elle était auprès de Katherine, une dispute éclata à nouveau entre mère et fille. La brune, qui avait donné une dague pleine de magie noire à Sophia, la provoquait à l'utiliser. Celle-ci le fit donc, et contre toute attente poignarda Robin en plein thorax. Alors qu'elle se vidait de son sang et commençait à perdre connaissance, elle se promit que si elle s'en sortait, elle avouerait tout à Katherine. Tout ce qu'elle avait sur le cœur, et même ce qu'elle se refusait d'admettre à elle-même. La brune l'emmena à Saint-Mangouste et lui sauva la vie. Mais elle se rétracta et ne lui avoua rien du tout. Oui, c'était de la peur, et Robin le savait très bien.

1997. Vingt-sept ans que son père l'a abandonné. Onze ans qu'elle tient son propre bar. Neuf ans que son premier amour est mort. Six ans qu'elle aime Katherine. Et la vie continue.

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